Fédération Française Handisport
08/09
Mondiaux coréens : la relève se révèle
L’équipe de France handisport d’escrime a flirté avec les podiums à de nombreuses reprises sans jamais réussir à faire pencher la pièce du bon côté. Si le bilan comptable de ces championnats du monde, disputés à Iksan en Corée du Sud du 2 au 7 septembre 2025, est vierge de médaille, la qualité sportive et l’état d’esprit des Bleus, dont le collectif a été largement rajeuni et renouvelé, sont prometteurs. Sébastien Barrois, manager de la performance en escrime fauteuil pour la Fédération Française Handisport (FFH), et Roza Soposki, adjointe au directeur technique national en charge de la performance et de la stratégie paralympique, ne nient pas la déception de ne ramener aucune médaille. Toutefois, les deux cadres techniques de la FFH jugent intéressant le niveau proposé par les plus jeunes et encourageants les 4e et 5e places des équipes de France masculine au fleuret et à l’épée. Rendez-vous est pris pour les championnats d’Europe prévus à Cardiff (Pays de Galles), dans un an environ
Les para-escrimeurs français y ont cru jusqu’au bout. Finalement, les fleurettistes tricolores ont échoué au pied du podium de l’épreuve par équipe, anéantissant les derniers espoirs de médaille, dimanche 7 septembre 2025, dernier jour des championnats du monde handisport, disputés à Iksan (Corée du Sud), depuis mardi 2 septembre. « Il y a de la déception mais cette 4e place est belle, assure Sébastien Barrois, manager de la performance de l’escrime fauteuil à la Fédération Française Handisport (FFH). Les quatre équipes du dernier carré étaient les mêmes que celles présentes en demi-finales aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Mais la France était la seule à aligner une formation intégralement renouvelée, avec une moyenne d’âge de 22 ans. »
Un état d’esprit irréprochable
Le staff des Tricolores a pris un vrai tournant, s’appuyant sur sa relève pour ce rendez-vous mondial. « Je ne peux pas me contenter de ce bilan vierge de médaille, reprend Sébastien Barrois. Mais il y a eu de belles choses, à l’image des nombreuses victoires glanées contre des tireurs du top 10 et 15 mondial. Il aurait fallu rééditer ces performances sur deux, trois ou quatre matches au regard de la densité en nombre et en niveau. Je retiens aussi le très bon état d’esprit affiché. Je pouvais m’attendre à un tel bilan comptable mais j’avais parlé de performances et d’investissement. Cette jeune génération a répondu présente sur ces deux volets. »
Côté féminin, où il a manqué une locomotive, l’équipe française a terminé 6e à l’épée. « Il a fallu composer sans Briana Vidé. Avec Yohan Peter, elle constituait notre meilleure chance de médaille sur ces championnats du monde, développe le manager de la FFH. On va faire appel de son test de classification et on espère la retrouver au plus vite. Après, Clémence Delavoipierre, Cassiopé Bourgine ou encore Margot Fourmont et Enora Tarju (18 ans) restent très jeunes dans la discipline. Pour autant, toutes et tous « ont pris leurs responsabilités et leur rôle très au sérieux », poursuit-il.
Roza Soposki, adjointe de Sami El Gueddari, directeur technique national en charge de la performance et de la stratégie paralympique, appuie : « Clémence Delavoipierre a parfaitement assumé son rôle de leader. Elle a tiré l’équipe vers le haut. Idem pour Quentin (Fernandez Anssoux) qui a endossé le rôle très important de dernier tireur par équipe. Même s’il n’y a pas eu de médaille au bout, toutes et tous, même celles et ceux qui disputaient leurs premiers championnats du monde, ont été capables d’évoluer à leur meilleur niveau sur cette compétition de référence. Ce sont des signaux positifs. »
Des performances de choix
Chez les hommes, outre cette 4e place par équipe à l’épée, acquise par Quentin Fernandez Anssoux, Gaétan Charlot, Laurent Vadon et Thomas Tachdjian, les Bleus ont aussi réalisé de belles performances. « Yohan Peter s’est hissé en demi-finales en éliminant deux membres du Top 10 mondial, précise Sébastien Barrois. Avec le changement de formule et la mise en place de repêchages, il a échoué pour le bronze contre le Thaïlandais Visit Kingmanaw, vice-champion paralympique 2024 et du monde 2025. »
Thomas Tachdjian (Catégorie B) figure aussi parmi les satisfactions françaises. Le tireur de Châtillon ne s’est incliné que d’une touche contre ce même adversaire, en tableau de 32. « Ils étaient à 14-14 », souligne Sébastien Barrois.
À l’épée, les Français (5e), battus sur le fil par l’Irak, médaillée d’argent aux Jeux de Paris et en Corée, ont aussi flirté avec le podium. « Là encore, à l’exception de Yohan Peter, l’équipe était renouvelée, insiste le technicien de la FFH, qui salue la présence de Roza Soposki. Elle a apporté de l’élan et une bonne dynamique, notamment les soirs où il a fallu digérer l’absence de médailles. »
Les regards sont désormais tournés vers l’avenir. Et notamment vers les championnats d’Europe 2026, prévus dans un an environ, à Cardiff (Pays de Galles). « On prend date. Là on parlera d’aller chercher des médailles. Un an sera passé, les sportives et sportifs auront continué leur apprentissage et compteront davantage de participations aux épreuves de Coupe du monde, se projette Sébastien Barrois. Cette expérience doit permettre de gagner ces matches perdus d’une touche à 14-14… Il faudra concrétiser les progrès. »
Un projet de développement bien lancé
La para-escrime française peut aussi compter sur le développement de la structure d’entraînement installée à l’Insep (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance). « Il y a actuellement six ou sept tireurs. Mais d’autres, comme Clémence, Thomas ou encore Enora vont la rejoindre. Je sais que la FFH va nous donner le temps et nous soutenir jusqu’au bout dans ce projet », se réjouit encore Sébastien Barrois.
Ce dernier peut aussi compter sur un vivier élargi. Depuis quatre ans et l’arrivée de ce nouveau staff, dont il est le manager, le nombre de licenciés en escrime fauteuil a doublé. « Nous avions par exemple quatorze engagés de moins de 18 ans aux derniers championnats de France. Et il y a désormais une douzaine de féminines. Elles étaient deux en 2021. »
S’il y a encore du travail, les Bleus auront à coup sûr leur mot à dire lors des Jeux paralympiques de Los Angeles 2028 et de Brisbane 2032. « Il est normal et très bien qu’ils soient déçus pour repartir au travail. Il y a vraiment de belles choses à aller chercher dans les années à venir, confirme Roza Soposki. La densité et la structuration croissantes en France vont permettre de hausser le niveau national moyen. Cela va forcément se ressentir au niveau international. »